Semblables à de gigantesques roues de feu, je sens les flammes ravager le ciel et l'emplir d'une fureur terrifiante. Une fureur qui arbore un visage, celui de Sa démence.
Tout là-haut, juché sur l'effroyable Montagne de Feu, que peut-Il bien concevoir de nouveau ? Après tant de chaos et de désolation engendrés que peut-Il espérer accomplir de plus ? A-t-Il décidé d'abréger notre lente agonie ?
Certains affirment qu'Il se transformera en un monstrueux dragon noir et qu'Il nous réduira définitivement en poussière d'un simple souffle. D'autres prétendent qu'Il resurgira des profondeurs des océans sous l'apparence même du Kraken pour nous submerger et nous déchiqueter. Les plus terrifiés vont jusqu'à assurer que Son apparence n'a rien d'humaine et qu'Il erre seul dans Sa Forteresse à la recherche d'une âme à annihiler.
Pourtant, Il avait bien un visage ce jour-là.
Les yeux rivés sur les crocs acérés du brasier qu'Il venait d'éveiller, Son regard semblait s'enivrer de la danse désarticulée de chacune des flammes. La couleur de Ses pupilles virèrent bientôt au rouge. Un rouge si profond que même le sang qui se répandait lentement à nos pieds semblait pâle à ce moment-là.
Et, impassible malgré le carnage éclatant tout autour de Lui, Il contemplait Son massacre sans remord, calmement, le regard hypnotisé par l’œuvre de Sa folie naissante.
C'est à ce moment que je compris que toute cette violence nous échappait, Lui échappait.
Le temps cessa de s'écouler, les affrontements ne furent plus réels, seul le brasier continuait de vivre, imprégné d'une présence mystique encore plus malsaine que Lui.
Et mon fils continuait de brûler.
Impuissant face à cette vision devenue insupportable, je m'arrachai les yeux.
