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Bruising

Allaria

Lettre datée du 19 ème jour du 9 ème mois, an 19 de la 3 ème Ère.

Les derniers rugissements embrasés du fléau continuent de pourfendre la pénombre nocturne, torturant avec malice Son ombre affaiblie.


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Les derniers rugissements embrasés du fléau continuent de pourfendre la pénombre nocturne, torturant avec malice Son ombre affaiblie.

Perdu dans les arcanes de sa pensée, Il contemple le sombre spectacle sans réellement le percevoir, comme Il survit en ayant oublié ce qu'est la vie. À travers ce sinistre silence, je décèle une profonde tristesse s'immiscer en son âme et se mêler à sa souffrance permanente.

Là, assise dans l'obscurité déchirée par intermittence, sa nudité ne peut mentir. Le jeûne l'a fragilisé, la chair a déserté ses os, de son corps mutilé s'échappent des larmes de sang ruisselant sur les vestiges de ses muscles lacérés. L'épuisement n'a pas épargné son visage. Non content d'avoir ravagé son corps, il a durci ses traits et creusé de profonds sillons sous ses yeux éclat bleu noir, le vieillissant de plusieurs années en seulement quelques jours.

Et pourtant, malgré les affres enjouées de cette désolation, Il demeure étrangement étincelant de splendeur. En le voyant ainsi, plus humain que jamais, je ne peux que me remémorer ce jour où Il a définitivement sombré dans cette insondable mélancolie, devenant prisonnier d'une conscience aussi occulte qu'effrayante.

Ce jour où la Reine a disparu inexplicablement.

Onze années se sont écoulées, et pourtant Il n'oublie pas, Il n'oubliera jamais, pas plus que le peuple. Ce peuple qui ne voit en Lui qu'un monstre, un tortionnaire, un fou. Que sait-il réellement ?

Perpétuellement tourmenté par une connaissance ésotérique, Il est la véritable victime de ses jugements sanglants. La douleur qu'Il leur fait endurer n'est rien comparée à ce qu'Il peut éprouver à chaque instant. Le peuple appelle ces jugements Folie, je les appelle Éveil.

L'éveil à la réelle valeur de la vie par le feu. Ce feu qui happe et dévore ces corps inutiles et abjectes. Ce feu qui a commencé à consumer mon visage avant que je ne ressente son mal mystérieux.

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